Pour susciter la réflexion
Je vous présente ici des articles plus ou moins vulgarisés sur des sujets divers et qui à un moment donné, ont suscité mon intérêt.
Un projet de conférence est en cours autour de la dysoralité alimentaire, n'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez en savoir plus.
Réflexions sur la peur - Décembre 2020 - O. Motard
Même pas peur
« N’aie pas peur ! Ce n’est rien !! »
Avez-vous déjà entendu cette remarque alors que vous exprimiez votre peur d’annoncer à votre patron un retard dans les délais ? Ou bien quand vous appréhendiez d’aborder cette personne que vous croisez tous les midis à votre pause déjeuner ?
Ce que vous ressentez, c’est de la peur, et elle n’a pas bonne presse. Souvent considérée comme négative et synonyme de lâcheté, nous n’aimons généralement pas avoir peur. Et quand elle nous envahit, nous pouvons parfois être paralysés, développant de réelles phobies ou pathologies.
Pourtant, la peur est naturelle au même titre que la joie.
Est-ce que ce manque de popularité n’est pas simplement dû à un manque d’intérêt et donc de connaissance ? Comment peut-on l’apprivoiser pour en faire une alliée ? Et que faire quand elle handicape notre quotidien ?
Suivez-moi à la découverte de la peur, cette émotion qui nous veut du bien.
La peur, c’est quoi ?
La peur fait partie des 6 émotions fondamentales de l’être humain selon P.Eckman (1984).
Une émotion, c’est une réaction à l’environnement extérieur perçu par nos sens et qui engendre une réponse physiologique (tremblements, accélération du pouls, etc…). Elle est généralement brève, de l’ordre de quelques minutes.
La peur est commune aux êtres humains et aux animaux. Son expression faciale est universelle, souvenez-vous de Macaulay Culkin dans « Maman, J’ai raté l’avion ? » Une même affiche pour plusieurs pays.
La peur est souvent associée à une partie du cerveau qu’on appellerait reptilien, et qui daterait de 400 millions d’années. Son utilité serait liée à l’instinct de survie, c’est-à-dire la fuite, l’attaque ou la sidération.
Cependant, nous savons maintenant que la peur est plus complexe et qu’elle peut emprunter deux circuits différents dans notre cerveau.
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Un circuit court « d’alarme » (quelques millisecondes) se déclenche lorsque nos sens perçoivent ce qui pourrait être apparenté à un danger, comme entendre une détonation : l’aire auditive de notre cerveau se projette sur le thalamus qui active directement l’amygdale, aussi appelée « Siège des émotions » qui à son tour entraîne des réactions physiologiques comme une accélération des battements du cœur et la fuite.
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Un circuit dit « long » se met en place lorsque nos sens activent le thalamus qui va d’abord se projeter sur le cortex qui va en quelque sorte analyser le message sensoriel pour le moduler vers l’amygdale. Dans notre exemple, on pourrait se rendre compte que la détonation provenait d’un pot d’échappement. Notre pouls peut s’accélérer mais nous n’aurons pas de réaction de fuite.
Nous percevons donc assez facilement l’utilité de la peur quand elle nous protège d’un danger menaçant notre « intégrité physique et morale ».
Cependant, au-delà de ce rôle protecteur, comme toutes les émotions, la peur nous permet de mieux nous connaître dans ce qu’elle révèle de nous.
La peur, ou comment en faire son alliée au quotidien
Vous commencez une formation et vous savez que vous allez devoir vous présenter et parler devant le groupe. Quand vous pensez à cette intervention votre cœur s’accélère et vous essayiez alors de penser à autre chose. « Ça va bien finir par passer », « Faut que je pense à autre chose »
Avez-vous remarqué que plus vous essayiez d’étouffer votre peur, plus elle prenait de la place ? C. Jung écrivait « Tout ce à quoi l'on résiste persiste et tout ce que l'on embrasse s'efface ».
Alors comment « embrasser » notre peur ?
Commencez par vous arrêter un instant et soyez attentif à ce que vous ressentez dans votre corps. Prenez le temps d’être bien présent à vous-même et de respirer en vous aidant par exemple d’un podcast de cohérence cardiaque ou de méditation.
La peur, si nous prenons le temps de l’écouter, peut être une vraie porte d’entrée vers notre monde intérieur afin de prendre conscience de qui nous sommes et d’apprendre à nous connaître.
Quand la peur nous paralyse
Nos réactions de peur face à un événement extérieur peuvent parfois être disproportionnées, allant jusqu’à l’angoisse ou à des phobies.
Si vous éprouvez des difficultés dans votre vie quotidienne, nous vous conseillons de prendre l’avis d’un professionnel de santé.
Bien que ce ne soit pas toujours agréable de ressentir de la peur, vous aurez compris que c’est une émotion tout à fait naturelle.
Il est tout à fait légitime de ressentir de la peur, même si les évènements extérieurs qui nous font réagir ne mettent pas en péril notre vie. Lorsqu’elle n’est pas omniprésente, la peur devient alors un excellent baromètre de notre santé intérieure, nous permettant de mettre en lumière des côtés plus obscurs de notre personnalité.
Alors chers explorateurs de votre monde intérieur, à vos torches !
Source :
Dantzer, R. (1993). Psychobiologie de la peur. Communications, 57(1), 25-34.